Il n'est jamais entré dans un musée, il ne lisait que Paris-Normandie et se servait toujours de son Opinel pour manger. Ouvrier devenu petit commerçant, il espérait que sa fille, grâce aux études, serait mieux que lui.
Cette fille, Annie Ernaux, refuse l'oubli des origines. Elle retrace la vie et la mort de celui qui avait conquis sa petie "place au soleil". Et dévoile aussi la distance, douloureuse, survenue entre elle, étudiante, et ce père aimé qui lui disait : "Les livres, la musique, c'est bon pour toi. Moi, je n'en pas besoin pour vivre."
Ce récit dépouillé, possède une dimension universelle.
Récit autobiographique publié en 1983 par Annie Ernaux, La Place connaît aussitôt un vif succès et obtient, quelques mois plus tard, le prix Renaudot. Après Les Armoires vides (1974), Ce qu'ils disent ou rien (1977) et La femme gelée (1981), il s'agit du quatrième livre de l'auteure, sans doute l'un des plus connus. Avec lui, Annie Ernaux (née en 1940) inaugure une démarche littéraire singulière, caractérisée autant par la superposition de comptes rendus d'expériences personnelles - sans en occulter les aspects les plus prosaïques - et d'analyses sociologiques de leur contexte, que par une écriture d'une extrême simplicité, à la fois hyperréaliste et apparemment dénuée de tout pathos.